De nos jours au Québec, le mot ±habitant», dans son sens péjoratif, désigne quelqu'un d'ignorant et simple d'esprit. Pourtant, il n'en fut pas toujours ainsi. Ce mémoire retrace les origines du stéréotype de l'habitant et les valeurs idéologiques, sociales et culturelles qu'il représente. Au coeur même de l'histoire des Canadiens français se retrouvent des événements qui furent déterminants dans l'établissement de ce stéréotype. Les particularités de ce stéréotype de l'habitant canadien-français se retrouvent dans son ambivalence, sa persistance et sa permanence. Tout au long de son histoire, ce stéréotype fut caricaturé, manipulé, louangé, exploité à des fins différentes, autant par les français que par les anglais. Ainsi, avec les oeuvres de Cornelius Krieghoff (1815-1872), l'ambivalence du stéréotype de l'habitant est exprimée en confirmant l'attachement de valeurs idéologiques à ce même personnage. Vient ensuite Horatio Walker (1858-1938) qui illustre la persistence du personnage à travers une poésie visuelle, ce qui lui valut le titre de ±peintre de Barbizon américain», le tout dans une interprétation à saveur de propagande anti-moderniste. Finalement, Alfred Lahberté (1878-1953) confirme la permanence du stéréotype en présentant une image positive de l'habitant dans une oeuvre à contre-courant de la modernité, l'industrialisation et l'urbanisation s'installant au Québec au tournant du siècle.