Ce mémoire se veut une analyse de la mise en scène du corps dans La Belle noiseuse (1991), de Jacques Rivette, afin de comprendre la mystérieuse puissance expressive de ce film. Cela dit, notre intérêt ne réside pas tellement dans les particularités narratives du film de même qu’il ne concerne pas seulement les éléments formels communément associés à la mise en scène ; notre intérêt porte sur ce qui est produit par l’agencement des corps et qui n’est pas traduit directement en langage verbal. Pour atteindre ce but, notre travail commence par la recherche de l’évolution du terme mise en scène au théâtre et au cinéma, ainsi que dans les textes et films de Rivette. Ce réalisateur de la Nouvelle Vague a placé la mise en scène comme question centrale de sa carrière de critique et de cinéaste. En effet, plusieurs de ses films portent sur le théâtre, le jeu des acteurs, la performance. La Belle noiseuse représente apparemment une déviation puisque ce film centre son récit sur la création en peinture. Une autre partie de notre recherche va alors examiner les relations entre la peinture, la mise en scène et les représentations du corps. Finalement, ce travail propose une analyse approfondie de la mise en scène de La Belle noiseuse inspirée principalement par la pensée de Maurice Merleau-Ponty et Gilles Deleuze, deux philosophes qui ont placé le corps au centre de leur conceptualisation sur les arts.