Un jour, j’ai vu un arbre : ses branches remplies de milliers de feuilles, le ciel scintillant derrière et le vent bruissant doucement au travers. Je ne pouvais pas le cueillir, comme une fleur, il était trop grand (ou ma main trop petite). Je ne pouvais pas le boire, il était trop dur et pourtant, j’étais assoiffée de cet instant. Le voir ne me suffisait pas. Le photographier n’aurait fabriqué qu’un souvenir et moi. Je voulais le mordre, le goûter, maintenant. C’est ce jour-là que j’ai décidé, sans savoir ce que cela veut dire, que je voulais apprendre à voir. Je raconte ici comment j’ai appris à peindre et à dessiner. En passant par mon expérience, j’en viens à parler de différents concepts propres au processus de création en général et au fonctionnement subtil et complexe du sens de la vision. Mes réflexions basées sur la pensée de trois auteurs différents mais complémentaires me mènent à trouver des manières d’aborder l’apprentissage de la peinture tout en restant fidèle à ce désir de liberté – si proche de la peur d’être libre ! - et à cette rencontre, si précieuse, de ce regard unique que nous portons tous sur le monde.