Les romans de l’auteur français Michel Houellebecq ne cessent de susciter la polémique. Celle-ci découle notamment de la représentation problématique des relations entre les hommes et les femmes dans tous les romans de l’auteur. De fait, l’animosité entre certains personnages masculins et féminins, la représentation négative de nombreux personnages féminins ainsi que des commentaires apparemment anti-femmes de certains protagonistes masculins ont mené de nombreux critiques à traiter Houellebecq et ses romans de misogynes. Or, plusieurs aspects des romans semblent réfuter ces accusations catégoriques de misogynie : la représentation négative de certaines femmes se juxtapose avec des représentations positives de certaines autres ; les commentaires désobligeants des protagonistes à l’égard de certains personnages féminins sont contrebalancés par des passages sentimentaux qui frôlent la révérence ; de même, les protagonistes n’épargnent pas non plus les personnages de sexe masculin de leurs commentaires calomnieux. À la lumière de ces éléments, ma propre analyse des romans de Houellebecq m’a mené à poser l’hypothèse que les relations interpersonnelles qui y sont représentées se décrivent plus précisément comme des manifestations d’un phénomène plus vaste d’effondrement social. Pour étudier ce phénomène, j’effectue une analyse des quatre romans de Houellebecq comme un même grand récit raconté selon différentes perspectives cognitives et temporelles. Cette perspective me permet d’analyser la société telle que représentée dans le texte plutôt que de voir dans les divers narrateurs un reflet des positions idéologiques de l’auteur lui-même.