La thèse porte sur le rapport entre l'espace et la connaissance, qu'elle examine dans les termes du concept d' architecture de savoir , dont elle propose quatre vues, quatre angles sous lesquels la clarifier, la développer. L'enjeu du travail concerne la possibilité d'accorder à certains artefacts non-discursifs, en l'occurrence les architectures de savoir, un statut intellectuel équivalent à celui des théories telles qu'elles ont cours dans la culture savante discursive. Il est proposé que ces arte-facts, qui ne répondent pas à un certain nombre de propriétés épistémologiques traditionnellement impliquées dans la caractérisation des théories, introduisent cependant un certain nombre d'autres propriétés qui ont trait à leur plasticité . Ces dernières sont susceptibles de faire émerger des figures de la théorie irréductibles à la discursivité mais pointant en direction d'une épistémologie dans laquelle la discursivité et la plasticité communiquent sur le fond d'une literacy plus fondamentale, liée à la culture numérique de l'hypermédiation. L'hypothèse de base de la recherche est que le concept d'architecture de savoir a une portée intellectuelle et une puissance de généralisation suffisantes pour jouer un rôle central dans la définition des caractères plastiques de la théoricité et éventuellement dans la formulation d'une plastique théorique distincte de la sémiose théorique mais congruente avec elle. La thèse procède par l'analyse de quatre artefacts et groupes d'artefacts intellectuels constituant quatre cas de figure du concept d'architecture de savoir: l'art architectural de la mémoire tel que pratiqué dans l'Antiquité gréco-romaine, les vues d'architecture peintes durant le Quattro-cento, l'architecture de la maison Stonborough-Wittgenstein en relation avec le Tractatus logico-philosophicus de Ludwig Wittgenstein (période 1922-1928), et un hypermédia intitulé Collegium -- architecture de savoir situé sur le World Wide Web . Les trois premiers cas sont présentés comme préfigurations historiques de la question de la plastique théorique. Collegium est l'oeuvre accompagnant la thèse, à laquelle elle est structurellement liée, sa partie médiane correspondant terme à terme aux quatre chapitres de cette dernière. Elle est présentée comme travail de projection d'une plastique dont le caractère théorique consiste à réactualiser, dans une architecture d'hypermédiation, les dimensions mémorielle, processionnelle et formelle de ses préfigurations.