La ±xénopsie», c'est l'acte de voir à travers les yeux de ±l'Autre» dans certains films de science-fiction américains. Il s'agit d'un type de point de vue, spécifique au genre science-fiction, dans lequel le plan subjectif associé aux robots, aux cyborgs, aux ordinateurs ou aux extraterrestres de ces films est nécessairement médiatisé par le filtre technologique que représente l'effet optique spécial avec lequel il est fabriqué. Ce dispositif ±xénopsien» devient une tentative plus ou moins préméditée, un outil formel employé dans ces films, pour mettre le spectateur en contact avec une conscience non humaine (extraterrestre, robotique ou cybernétique) par le truchement d'une vision autre qu'humaine filtrée par un effet spécial double (le cinéma lui-même et le filtre technologique employé pour créer la xénopsie). Ce contact le confronte à une perception autre et, par ricochet (ou par comparaison), peut déclencher chez lui une réflexion sur l'humain, sa nature, son identité et son devenir. La phénoménologie de la perception du philosophe Maurice Merleau-Ponty s'avère un outil fort utile pour bien saisir la xénopsie, à travers les concepts d'intentionnalité et d'intersubjectivité que la théoricienne du cinéma Vivian Sobchack transpose dans l'expérience de voir un film en salle. Sa notion originale du ±corps-film», qui agit comme une conscience virtuelle interpellant le spectateur dans la salle, permet d'analyser l'impact de la xénopsie dans une douzaine de films de science-fiction américains, en particulier Blade Runner (Ridley Scott, 1982) qui offre l'expression ultime de la xénopsie.