Le sanctuaire de chimpanzés de la Fondation Fauna, situé à Carignan, Québec, ouvrait ses portes à quinze chimpanzés en 1997. Après avoir servi de cobayes de laboratoire pendant de longues années, ils arrivaient en sol québécois avec leurs cicatrices physiques et psychologiques pour y entamer une retraite bien méritée. Sur le terrain de Gloria Grow et Richard Allan, les fondateurs du sanctuaire, ils trouvaient une demeure au design étrange dont l’architecture avait été conçue tant en fonction de leurs besoins primaires que de leurs blessures. À travers la fréquentation prolongée d’espaces qui les avaient rendus esclaves de notre regard et, dans plusieurs cas, porteurs de nos propres maladies (dont le VIH), ils avaient en commun d’avoir été, pour ainsi dire, infectés d’humanité. Ce mémoire propose une analyse en profondeur de l’architecture complexe du sanctuaire de Fauna : une immense cage en mouvement. Sur la trace des différents milieux occupés par les chimpanzés de Fauna, j’aborderai leur sanctuaire en tant qu’« espèce » et œuvre d’art. D’après un avis municipal paru en 1999, le sanctuaire de Fauna exploite ses installations selon un permis de jardin zoologique et se conforme à certains des codes de sécurité des laboratoires de recherche biomédicale. La réflexion que je pose va en ce sens et présente le sanctuaire tel un amalgame constitué de certaines de leurs structures. Je démontrerai de quelles façons il se réapproprie des éléments du design de ces espaces de mort à travers un renversement total de leurs fonctions, exposant ainsi le sanctuaire comme un espace de vie synonyme d’espoir.