Victor Hugo se distingue de la plupart des artistes de son époque par son engagement politique et social. Au N'importe où hors du monde de Charles Baudelaire et l'art hermétique d'artistes tels que Théophile Gautier et Alfred de Vigny qui conseille la fuite spirituelle, Hugo oppose une littérature engagée à améliorer le monde physique et le sort de l'homme. Ce qui démarque Hugo des autres artistes de son époque est son espoir ; il n'abandonne jamais l'espoir que l'homme saura atteindre un jour le plein épanouissement spirituel qui lui permettra de voir au-delà des choses banales et de saisir une réalité métaphysique. La problématique hugolienne consiste à concilier deux optiques divergentes sur la question de la civilisation, c'est-à-dire les éléments et les caractéristiques qui déterminent si une société constitue ou non une grande civilisation. L'idée hugolienne de la civilisation, ainsi que ses idées sur la justice et les progrès politiques et sociaux, facteurs concomitants de la civilisation, diffèrent grandement de celles qui dominent à l'époque. Mais le malaise hugolien provient non seulement de l'importante divergence entre son point de vue et celui qui domine: il provient également de l'ignorance de ses concitoyens de la possibilité qu'un point de vue différent du leur peut exister. Il est tourmenté de ce que ses concitoyens écartent l'idée qu'il puisse exister un vrai débat sur la signification de ces trois mots et par leur refus de considérer la vraisemblance que la société se déplace dans le mauvais sens, c'est-à-dire qu'elle régresse au lieu de progresser.