Un nombre limité d'études concerne les femmes incarcérées, particulièrement en ce qui a trait à la pratique de l'art-thérapie. En adoptant une approche narrative ainsi qu'une perspective féministe en recherche, cette étude de cas examine de quelle manière cette approche thérapeutique, dans un contexte de groupe, peut faciliter l'exploration et l'expression de l'expérience liée à l'incarcération chez une population de six femmes détenues en établissement provincial. Alors que le pouvoir personnel des femmes est plutôt limité dans ce contexte particulier, celles-ci semblent bénéficier de l'espace sécuritaire et médiateur de l'art-thérapie pour se réapproprier leur propre voix et entreprendre cette exploration plus librement. À l'intérieur de celui-ci, elles s'engagent dans des échanges verbaux significatifs et ont facilement recours à la création artistique visuelle pour reconnaître et exprimer des contenus émotionnels difficiles ainsi que pour s'investir dans un processus réflexif à l'égard de leur situation. L'étude de cas permet de retracer l'évolution du groupe et de reconnaître les étapes qui ponctuent l'émergence de nouvelles perspectives dans la façon dont les femmes abordent leur expérience de l'incarcération. À la lumière de cette réflexion sur des aspects importants de leur vie passée et actuelle, ces dernières s'affairent à transformer certaines expériences négatives en expériences constructives et à redéfinir leur orientation vis-à-vis de leur avenir. Ce projet a permis, entre autres, de mettre en évidence le potentiel de l'art-thérapie de servir d'assise, pour les femmes, à une exploration capable de favoriser la compréhension, l'enrichissement et la transformation de l'expérience vécue au moment de l'incarcération.