La littérature féminine africaine propose un reflet de la situation du féminisme africain. Dans cette étude diachronique de trois romans sénégalais, nous tentons d’explorer l’évolution de l’expression de ce féminisme. Ainsi, nous proposons la lecture analytique d’Une si longue lettre de Mariama Bâ (1981), du Baobab fou de Ken Bugul (1984) et enfin de Celles qui attendent par Fatou Diome (2010). Nous montrons comment la maturation du féminisme africain passe par la complexité de la reconstruction identitaire et nécessite de dépasser une angoisse. Cette angoisse de la femme africaine, nous nous proposons de l’analyser sur trois décennies, dans des contextes politico-sociaux différents. Ceux-ci régissent la réaction des femmes africaines à ce que nous définissons comme étant la seconde vague de colonisation. Ce double combat, entre reconstruction identitaire et dépassement de l’angoisse, se mène différemment selon la situation des auteures. Ainsi, tandis que la Ramatoulaye de Mariama Bâ tient bon face aux assauts des mœurs polygames qui transforment son mariage en cauchemar, la protagoniste de Ken Bugul s’égare dans la marginalité pour mieux comprendre son ennemi dans l’absence d’identité. Enfin, Fatou Diome expose un tableau complet de la femme rurale contemporaine sénégalaise à travers la voix de quatre femmes d’âge et de tempéraments différents. On y redécouvre la nécessaire complémentarité homme-femme sur un ton poétique qui réconcilie les Africains avec leur terre natale.