Plusieurs auteurs concluent à la nécessité d’élaborer de nouvelles pistes d’intervention pour contrer les résultats insatisfaisants aux traitements actuels des troubles alimentaires. En effet, selon des études récentes, environ la moitié des personnes atteintes d’anorexie et de boulimie n’atteignent pas la rémission complète et durable des symptômes. Si l’art-thérapie semble s’avérer une approche valable, les causes socioculturelles des troubles alimentaires ne semblent pas être prises en compte dans les interventions art-thérapeutiques. Afin d’explorer davantage ces causes, cette recherche propose un modèle théorique d’intervention art-thérapeutique reposant sur l’approche féministe dite de la 3e vague et qui aurait comme objectif de diminuer le processus d’auto-objectivation, souvent présent chez les personnes atteintes d’anorexie et de boulimie, par l’augmentation de «l’empowerment», terme qui peut être traduit par autonomisation (Office québécois de la langue française, 2003). Le féminisme de la 3e vague promeut la reconnaissance d’une subjectivité personnelle fluide et multiple, non contrôlée par le discours du pouvoir en place. Cette approche est aussi sensible aux relations de pouvoir et aux inégalités sociales. La présente recherche entend montrer comment l’art-thérapie d’approche féministe de la 3e vague, par le rôle actif joué par les patientes en séance, la sensibilité féministe de l’art-thérapeute et l’aspect non-verbal de la création, pourrait présenter un potentiel de renforcement du locus de contrôle interne et externe chez les patientes et ainsi favoriser l’empowerment récemment identifié comme étant un facteur de protection des troubles alimentaires.