Ce mémoire porte sur les pratiques collaboratives qui relient art, environnement et communauté. Il prend pour étude de cas le projet Les Paradis de Granby (2014-2015), réalisé par l’artiste Catherine Bodmer, dans le cadre d’une résidence en art infiltrant au 3e impérial, centre d’essai en art actuel. Alliant photographie et pratique relationnelle, ce projet repose sur une collaboration avec des jardiniers et jardinières membres de la Société d’horticulture de Granby, mais aussi avec l’équipe du 3e impérial et le contexte investi par la pratique, c’est-à-dire les jardins. Le rapport entre l’humain et l’environnement y est interrogé à partir des remises en question de l’imaginaire d’une nature sauvage (William Cronon), de l’anthropocentrisme et des catégories binaires entre nature et culture (Felix Guattari). Un survol historique de l’art environnemental permet de contextualiser l’émergence, dans le champ de l’art contemporain, de préoccupations écologique et communautaire. La dimension participative du projet est discutée à la lumière des théories sur l’esthétique relationnelle (Nicolas Bourriaud) et sur la collaboration en art (Grant H. Kester). La relation aux autres et à la nature est analysée à travers différents aspects du projet, par exemple les visites de jardins, les échanges avec les participant.es, le blogue, les rencontres publiques et la publication d’une collection de cartes postales qui rassemble photographies et citations. Au final, cela permet de comprendre comment l’idée de réciprocité s’est manifestée de façon transversale dans toutes les étapes du projet.