Le concept de polyphonie romanesque développé par Mikhaïl Bakhtine suppose, dans le cadre d’une œuvre littéraire, l’expression de voix (de l’auteur et des personnages) tout aussi signifiantes et indépendantes les unes que les autres. Alors que la littérature postcoloniale africaine se voit régulièrement étiquetée polyphonique, le cas d’un roman comme En attendant le vote des bêtes sauvages d’Ahmadou Kourouma, dont les narrateurs intradiégétiques évoluent dans le contexte d’une dictature et font l’objet de répression, suscite un certain nombre de questions. Ce mémoire procède à l’analyse des processus de communication narratifs à l’œuvre dans le roman afin de mieux cerner les contours de la polyphonie kouroumalienne. La création littéraire Chroniques d’une guerre sainte nous transpose dans un autre contexte sociopolitique, celui d’une démocratie occidentale à l’ère du numérique. Cette fiction qui se déroule au Pays des Érables explore la question des libertés d’opinion et d’expression dans un environnement technologique permettant, par l’intermédiaire des médias sociaux et des plateformes numériques, l’expression d’un nombre illimité de voix. Prenant pour cadre les coulisses d’un parti politique en campagne électorale, Chroniques d’une guerre sainte témoigne de la réalité quotidienne d’un rédacteur politique. Cette création jette un éclairage nouveau sur le coût démocratique des stratégies de communication qui poussent les partis à resserrer leur contrôle sur les messages qu’ils véhiculent dans les médias numériques et traditionnels.