En 1993, Irvine Welsh chamboulait le lectorat anglophone en publiant Trainspotting, un roman coup-de-poing qui brisait les conventions de l’écriture anglaise en codant l’orthographe pour imiter le sociolecte scots. Trois ans plus tard, Trainspotting était traduit en français. En 2011, une retraduction française était publiée à Paris. Dans les deux versions, le codage de la langue, si important et si lourd de sens pour l’auteur et dans le récit, n’existe plus. Le présent mémoire se penche sur les effets de cette absence dans les versions françaises et propose une solution à la problématique du sociolecte en traduction. Dans un premier temps, j’analyse l’oeuvre et ce qui l’entoure, de son auteur à l’importance de Trainspotting en littérature anglophone, en passant par le contexte d’écriture, la structure, la langue et les personnages. Suivent une critique des deux traductions parisiennes, guidée par les notions de voix poétique d’Henri Meschonnic et d’éthique de Michael Cronin, ainsi qu’un survol des contextes sociohistoriques de la France, du Québec et de l’Écosse, lequel m’amène à proposer une variante du français québécois comme apte à traduire le sociolecte scots. Enfin, à l’aide de 13 phénomènes morphosyntaxiques et phonologiques tirés d’études sociolinguistiques du français québécois et du eye dialect, j’élabore une « systématique de la déformation » qui vise à recréer la voix, au sens meschonnicien, de l’oeuvre, c’est-à-dire la force expressive et la polyphonie de la langue codée ainsi que son effet désorientant.