Les routes et la circulation ont des répercussions néfastes sur nombre de populations fauniques, parce qu’elles augmentent le taux de mortalité animale pour beaucoup d’espèces, sont des obstacles pour le déplacement des animaux et réduisent la quantité et la qualité de l’habitat disponible. Nous sommes de plus en plus intéressés par la réduction de la connectivité pour la faune près des routes. Si les efforts ne sont pas faits pour réduire ces effets, il pourrait y avoir des conséquences désastreuses pour les processus écologiques et les populations fauniques. Lors de l’élargissement de deux à quatre voies de la route 175 (de 2006 à 2011) entre les villes de Québec et de Saguenay, 33 passages fauniques inférieurs ont été mis en place entre les km 60 et 144. Ils comptent parmi les premiers passages fauniques au Québec conçus spécifiquement pour les mammifères de petite et de moyenne taille. Le projet de recherche comporte trois objectifs principaux : caractériser les sites de collisions ainsi que les taux de collision entre les véhicules et les mammifères de petite et moyenne taille afin d’évaluer l’effet des mesures d’atténuation qui ont été mises en place sur l’incidence de la mortalité routière; évaluer l’efficacité des quatre types de passage faunique conçus pour les mammifères de petite et moyenne taille; évaluer si les mesures d’atténuation assurent une perméabilité adéquate de la route aux individus et au flux génétique de part et d’autre de la route, avec un intérêt particulier pour la martre d’Amérique. Nous formulons seize recommandations d’après les résultats obtenus, neuf d’entre elles concernent des améliorations possibles à apporter aux mesures d’atténuation ainsi que sept se rapportent au suivi et à la recherche. Utiliser à bon escient le grand potentiel de la route 175 pour des travaux de recherche peut contribuer de façon importante à l’amélioration des connaissances sur l’efficacité des mesures d’atténuation. La route 175 convient à plusieurs égards comme zone d’étude, p. ex., notre étude fournit l’équivalent de 4 années de données de référence concernant les mammifères de petite et de moyenne taille, ce qui en soi constitue une rare opportunité. Les dénombrements élevés de mortalités routières sur la route 175 permettent alors de générer des résultats sur des échantillons plus importants de même que de déceler avec davantage de rapidité les réactions des animaux à la suite d’une modification apportée aux mesures d’atténuation. La mise en place le long de la route 175 de 33 passages pour les mammifères de petite et moyenne taille s’avère une étape importante dans la bonne direction. Les résultats de la présente étude sur l’utilisation des nouveaux passages fauniques démontrent que c’est une réussite pour ceux déjà aménagés le long de la route 175. La sécurité routière constitue également une considération importante dans le cas des petits et moyens mammifères. Globalement, les mesures d’atténuation visent aussi à enrayer de façon importante le déclin de la biodiversité afin d’assurer le maintien à long terme des services écologiques (voir les objectifs de biodiversité d’Aichi définis par la Convention sur la diversité biologique, CDB). Les mesures d’atténuation peuvent être mises en œuvre de façon efficace que si une prise de conscience à propos d’un enjeu existe. Par consequent, les décideurs et le public en général devraient donc être davantage sensibilisés à propos des effets à court et à long terme engendrés par les routes ainsi qu’être mieux informés des mesures d’atténuation adéquates. Plusieurs agences responsables des routes considèrent le développement durable comme l’un de leurs objectifs. Établir des liens de collaboration entre agences de transport et spécialistes de l’environnement de même que d’appuyer à long terme les travaux de recherche scientifiquement crédibles s’avère la seule façon d’y parvenir (van der Ree et al. 2011).