La traduction littéraire est une activité qui échappe en grande partie aux regards. Depuis maintenant plus d’une vingtaine d’années, la discipline traductologique s’interroge quant à la place occupée par le traducteur dans le monde et à l’influence que peuvent avoir les composantes spatiales de son environnement sur sa pratique. Occupant à la fois une « position d’énonciation » (A. Berman), une position culturelle et géographique (S. Simon) et une position idéologique (M. Tymoczko), le traducteur se meut dans un environnement complexe qui se présente aisément au regard du cinéaste. Notre mémoire traite de la représentation du traducteur à l’écran documentaire et des enjeux spatiaux qui en découlent. Nous soutenons que les œuvres multilingues qui sont analysées dépeignent les conditions spatiales et idéologiques liées à la pratique de la traduction littéraire. Les documentaires Traduire (2011) de Nurith Aviv, Die Frau mit den fünf Elefanten (2009) de Vadim Jendreyko et Tradurre (2008) de Pier Paolo Giarolo donnent à voir les espaces de la traduction par le prisme d’un langage autre, celui des images. Tout en considérant cette matérialité du médium filmique, nous proposons de lire ces espaces par le biais de la sémiologie du cinéma. Enfin, nous avançons l’idée que c’est par le montage filmique, soit le rapprochement volontaire de différentes prises de vues pour créer un discours, que chaque réalisateur articule une vision du traduire qui lui appartient.