La mobilisation contre la mondialisation des échanges économiques au tournant du xxie siècle et, au Québec en particulier, dans le cadre du Sommet des Amériques en 2001 a donné l’impulsion à un mode d’engagement politique qui prend forme à l’extérieur des voies institutionnalisées de l’action partisane et du milieu communautaire. S’inspirant de la pensée politique anarchiste, les initiatives en apparence fragmentées qui s’inscrivent dans cette option libertaire forment aujourd’hui dans la province une communauté de mouvement social antiautoritaire. L’article a pour objectif de tracer un portrait empirique de cette communauté en dégageant la culture politique et l’interface organisationnelle qui relient les différents acteurs qui la composent. Mobilisés sur une variété de thématiques de lutte, ces acteurs antiautoritaires portent l’embryon d’un projet politique alternatif fondé sur la promotion de l’autonomie collective. Ce faisant, la communauté antiautoritaire porte les germes d’une façon novatrice de se réapproprier le politique par la pratique de la préfiguration, contribuant à la radicalisation du répertoire des formes d’engagement disponibles dans le paysage social et politique québécois