Ce mémoire vise à explorer un phénomène migratoire relativement récent au Québec et que plusieurs auteurs considèrent comme marquant un tournant en matière de politiques d’immigration. Plus précisément, cette recherche porte sur ce que l’auteure Catherine Dauvergne qualifie de nouvelles politiques. Celles-ci se caractériseraient par des mesures axées davantage sur l’économie de marché que sur des logiques de peuplement et d’intégration identitaire. Ces nouvelles politiques se traduisent par une préférence des gouvernements pour les programmes d’immigration temporaire et l’admission de main-d’oeuvre issue de l’étranger afin de pallier les lacunes du marché de l’emploi. Notre recherche vise à vérifier cette thèse dans le cas du Québec et s’intéresse au discours gouvernemental légitimant ces politiques publiques en lien avec l’immigration temporaire. Depuis quelques années, la hausse des taux d’admissions au Québec dans les programmes d’immigration temporaire témoigne d’un engouement affirmé pour l’immigration circulaire visant à combler les déficits de main-d’oeuvre. C’est dans cet ordre d’idées que ce projet présente comme étude de cas l’évolution de l’État québécois et ses institutions en matière d’immigration temporaire entre 2003 et 2018, et ce, plus précisément en termes de discours et de politiques publiques. Cet exercice permet d’éclaircir le constat empirique de cet enthousiasme institutionnel pour l’immigration temporaire au Québec d’un point de vue étatique. À l’aide d’une méthodologie majoritairement qualitative s’inspirant de la littérature politique sur l’immigration, cette recherche propose d’examiner les données provenant d’un large corpus de documents de politiques publiques afin de pouvoir mieux situer le cas québécois en parallèle avec la littérature sur les nouvelles politiques d’immigration. D’une part, cette recherche confirme l’hypothèse selon laquelle, d’un côté, de nouvelles politiques d’immigration au Québec marquent un tournant en facilitant toujours plus l’admission des ressortissants(es) temporaires, puis de l’autre, complexifient le processus de sélection et restreignent l’accès à la résidence permanente. D’autre part, cette recherche ne parvient toutefois pas à faire le constat de la « fin d’une ère » migratoire au Québec, et ce, autant du point discursif que politique. En effet, l’insistance sur l’intégration linguistique et socioculturelle reste un enjeu identitaire omniprésent dans le discours de l’État en immigration, puis il encourage explicitement les anciens ressortissants temporaires à transiter vers le statut permanent. Enfin, il ne s’agit que d’une confirmation partielle de la thèse de Dauvergne s’appliquant au cas d’étude québécois. Ces résultats de recherche ouvrent la porte à une réflexion plus profonde sur les implications et la pertinence de ce modèle appliqué au contexte provincial, ainsi que sur la nature de cette particularité québécoise en immigration.