Ce mémoire examine les méthodes de représentation de l’environnement urbain et de sa temporalité par le dessin. Alors que les logiciels de conception assistée par ordinateur (CAO) permettent aux designers et aux architectes de créer différentes formes de représentations abstraites, celles-ci rendent difficilement compte de la réalité évolutive et mouvante de l’espace urbain (Bafna, 2008; Boffi & Rainisio, 2017; Bosselmann, 2020; Latour & Yaneva, 2008; Luscombe et al., 2019; Neto, 2003). En réponse à cette problématique, la recherche-création explore comment de nouveaux dispositifs de représentation expérientiels (De la Fuente Suárez, 2016) et hybrides (Piga, 2017) peuvent offrir des moyens complémentaires afin de mieux rendre compte de la temporalité de l’espace bâti. Ce questionnement qui touche au potentiel de la représentation de l’expérience par les sens et le corps en mouvement s’incarne dans le projet de création Deconstructing the Street : an Urban Imaginary (2022). Ce livre explore la temporalité de la rue Rachel dans le quartier du Plateau Mont-Royal à Montréal à travers le prisme du transport actif. Il présente des séquences de dessins, des cartes, des axonométries complexes et des dessins techniques décortiquant la rue et ses infrastructures en plusieurs strates de matériaux et d’éléments urbains jugés indésirables (Gissen, 2009). La recherche-création s’appuie sur des méthodes situées liées à l’ethnographie visuelle et sensorielle qui mettent l’accent sur la matérialité de l’espace (Springgay & Truman, 2016, 2018, 2019). Ceci permet d’envisager notre culture matérielle dans sa pluralité d’interactions humaines et plus qu’humaines (ref, year). Complémentant la marche et le vélo, elles incluent la photographie, le croquis et la captation vidéo. Un agencement d’approches théoriques et artistiques en architecture (Bafna, 2008; Bosselmann, 2020; Dahlman, 2010; De la Fuente Suárez, 2016; Devabhaktuni, 2018; Gissen, 2009; Kenniff & Lévesque, 2021; Lockard, 1982; Luscombe et al., 2019; Olin, 2008; Treib, 2008a) et en anthropologie (Anand et al., 2018; Culhane & Elliott, 2017; Ingold, 2007; Lucas, 2019, 2020; Taussig, 2011) soutient cette démarche dédiée aux chercheurs, aux étudiants, et aux praticiens qui souhaiteraient diversifier la manière dont le temps peut-être représenté.