Ce mémoire de maîtrise propose une analyse narratologique de l’univers filmique almodóvarien à partir des relations entre deux aspects importants de la filmographie du cinéaste : les dédoublements ainsi que son utilisation complexe des niveaux narratifs. M’appuyant principalement sur le travail théorique de Gérard Genette et de Christian Metz sur la diégèse, je démontrerai que ces dédoublements, lorsqu’à l’intérieur d’un même film, agissent comme motifs pour assurer une cohésion formelle tout en soulignant les enjeux thématiques et narratifs de l’œuvre. Les dédoublements intertextuels entre les films d’Almodóvar, quant à eux, forment un univers dans lequel les frontières entre les niveaux narratifs sont si ambiguës qu’il en devient impossible d’en déterminer la structure exacte. Ce constat suggère que l’univers almodóvarien est, un peu à la manière des Drawing Hands de M.C. Escher ou du 8 1/2 de Fellini, une grande mise abyme aporétique : elle se met continuellement en scène en train de se mettre en scène, dans le but de remettre en question notre vision du monde et de se forcer à le voir d’un autre œil.