Les travaux dédiés aux activistes trans tendent à les dépourvoir de leur agentivité et attribuent leur pouvoir politique à une subversion par essence des normes de genre. Cette recherche prend le contrepied de ce postulat et défend que les personnes trans sont des actrices politiques par ce qu´elles font, et non pour ce qu´elles sont. À travers une histoire orale de l´ExisTranInter, une marche annuelle pour les droits des personnes trans et intersexes, ce mémoire analyse les formes d´activismes adoptées par les personnes trans, en France, depuis la fin des années 90. Dans un premier temps, je me penche sur l´invisibilisation des personnes trans dans l´histoire des mouvements sociaux. En analysant les silences dans les travaux en histoire sociale et en histoire des minorités sexuelles, j´argumente que l´histoire des personnes trans est rarement écrite au travers de leurs mobilisations politiques. Dans un second temps, j´établis une chronologie de l´ExisTransInter en me basant sur les phases organisationnelles de la marche. Cet angle me permet d´illustrer la variété d´opinions et de pratiques politiques qui traversent le militantisme trans français, et complexifient l´idée d´une « communauté trans » unifiée. Enfin, je me concentre sur les choix stratégiques adoptés par les activistes et leurs articulations avec les revendications des mouvements trans et intersexes. Dans ce dernier chapitre, je montre que l´étude des personnes trans à travers leurs pratiques politiques remet en cause le particularisme qu´on attribue aux enjeux trans et intersexes.