Abstract

Chaque outil typographique a déterminé un contexte de création et dans une certaine mesure, conditionné l’esthétique des lettres d’une époque. Aujourd’hui, les logiciels mettent en place une manière de faire qui condamne les yeux à être au centre du processus, laissant ainsi la main et ses multiples savoirs de côté. Les ressources théoriques quant à elles, observent la dimension gestuelle de l’écriture sans véritablement prendre en compte l’aspect tactile. Afin de combler ces insuffisances, la recherche propose des contextes de création non conventionnels, définis par l’action et la matière. Elle aborde la discipline avec un regard alternatif et observe des ressources contre-culturelles, philosophiques et sur la typographie expérimentale. Ainsi, de quelle manière un contexte de travail défini par l’action et le toucher pourrait-il interroger la création de caractère et déplacer les standards de la discipline ? Le processus revisite les conventions de la création de caractère pour créer un cadre de travail conceptuel inventif et inspirant. Les formes se mesurent en surfaces, les styles typographiques se pèsent en grammes et l’espace de travail se calcule en degrés. La structure de la lettre est revisitée, fabriquée d’imprévus et bricolée de raffinements. Ses lignes synthétisent et matérialisent le processus dans une ligne éloquente, expressive et organique. La lettre porte en elle la subjectivité de l’auteur et les matériaux qui la composent, elle devient une lecture du processus. Le contexte de création devient une signature qui inspire de nouvelles manières de faire.