Abstract

La séropositivité féminine ne cesse de faire parler d'elle dans les médias au Québec depuis les années 1980. Cette étude originale interroge le projet qui veut redonner du pouvoir aux femmes par le biais d'une plus grande visibilité médiatique. La recherche explore ces politiques culturelles dans le contexte de la lutte contre le sida. Je démontre que la visibilité est un moyen de connaître les femmes séropositives dans la réponse socioculturelle face au sida qui porte en elle le pouvoir et le savoir du VIH/sida. L'anatomie désigne la démarche méthodologique de l'analyse féministe et généalogique du discours qui est utilisée. Je considère l'appellation ±femmes séropositives» comme un corps constitué à travers des productions médias variées. C'est ce corpus, ce corps, qui sert de point d'ancrage à partir duquel disséquer sa constitution individuelle (corporéité) et collective (sociopolitique) au moyen des médias depuis les années 1980. J'identifie trois conditions d'émergence de la séropositivité féminine. La première implique des médias spécialisés qui ciblent la femme séropositive en tant qu'agent viral (visibilité diagnostique). La seconde implique le champ des médias de masse qui classent les femmes pour sensibiliser au drame humain de l'épidémie (visibilité classificatoire). Enfin, la troisième condition renvoie au mouvement des femmes séropositives qui infiltre divers contextes médiatiques (visibilité activiste). J'analyse le jeu de luttes et d'affrontements entre ces milieux médiatiques. À la différence (tes études existantes, enfin, je ne fixe pas les femmes atteintes sur un continuum qui oppose visibilité à invisibilité. Je cerne plutôt ce que veux dire la visibilité lorsque mise en rapport avec la séropositivité des femmes et j'explore les enjeux qu'elle soulève en tant que moyen de connaissance.